MONTPENSIER (Anne-Marie-Louise d’Orléans, dite “La Grande Mademoiselle”).
Née au Louvre, 1627-1693.
Petite-fille d’Henri IV, fille du frère de Louis XIII, Gaston de France et de Marie de Bourbon, duchesse de Montpensier, cousine germaine de Louis XIV.
L.A.S. au cardinal Mazarin. Paris, 11 juin 1658. 4 pp. in-4.
Superbe lettre au cardinal Mazarin, dans laquelle La Grande Mademoiselle l’assure de son amitié à la veille de la décisive bataille des Dunes (qui eut lieu le 14 juin, bataille qui fut victorieuse grâce à Turenne, contre les Espagnols), et rend compte
des derniers événements de sa vie (le lettre est retranscrite en français moderne pour une meilleure compréhension) ...Rien ne peut donner plus de joie que la prospérité des armes du Roy et je supplie très humblement V[otre] E[minence] de croire que celle que je sais qu’elle en visait (?) m’est sensible au dernier point et que la plus grande satisfaction que je puisse avoir est de voir succéder les choses que votre Excellence entreprend aussi heureusement qu’elles font. Je pense qu’elle est bien persuadée de cette vérité et qu’elle me fait bien la justice de me croire son amie par reconnaissance et par inclination... Elle souhaiterait se rendre à Forges pour prendre les eaux ...J’attends le beau temps avec la dernière impatience pour m’en aller à Forges, en ayant beaucoup d’aller après la Cour, mais le temps n’a pas de complaisance pour moi. Le séjour que Monsieur [son père] a fait à Orléans a été si court et si incertain que je n’ai pu l’aller voir. Je ne sais encore ce qu’il plaira à Mlle de Guise de faire quoique je la fasse sans cesse solliciter de s’accommoder... Voilà, dit-elle, charmante, le ...rendu compte en peu de mots à V.E. de tout ce qui passe ici à mon égard. Il m’est un grand avantage qu’elle me fasse l’honneur de trouver bon que j’en use ainsi...
Marie Louise d’Orléans, duchesse de Montpensier, est, à sa naissance, la plus riche héritière du royaume de France. Dès son plus jeune âge, elle a le projet d’épouser son cousin, le jeune Louis XIV, de onze ans son cadet, mais ses plans échouent devant la ferme opposition du cardinal Mazarin.
Pendant la Fronde, mécontentement populaire qui débute en 1648, elle choisit de rejoindre son père qui lutte contre la monarchie absolue. Le 2 juillet 1652, la frondeuse fait tirer sur les troupes royales depuis la forteresse de La Bastille. Grâce à son action, le prince de Condé, qu’elle voulait épouser, est sauvé. Déclenchant la colère du Roi, la Grande Mademoiselle commence un long exil, renvoyée sur ses terres de Saint-Fargeau, dans l’Yonne.
Rappelée à la Cour en 1657, elle commence à rédiger ses Mémoires, restés un précieux témoignage sur la vie royale pour les historiens. Mais dès 1660, elle s’éloigne à nouveau de Versailles en s’offrant le château d’Eu. Elle met un soin tout particulier à l’aménagement et à la décoration des lieux. Nombre des peintures introduites reflètent son goût prononcé pour l’art. Décidée à apprendre l’italien, elle introduit à Versailles Jean-Baptiste Lully, jeune Florentin et futur Surintendant de la musique de Louis XIV. En 1664, elle prend le parti de ne plus quitter la Cour.
Dans les années 1680, après un mariage malheureux avec le duc de Lauzun, la Grande Mademoiselle finit sa vie dans la dévotion. Elle est inhumée en 1693 dans la basilique Saint-Denis, crypte des rois de France profanée pendant la Révolution française.