LATUDE Masers de, célèbre prisonnier. Lettre autographe (G 3390)

LATUDE (Jean Henry, dit Danry, dit Masers de).

Né à Montagnac. 1725-1805.

Aventurier et prisonnier célèbre par ses nombreuses évasions.

Il publie des Mémoires qui connurent un grand succès pendant la révolution.

                  L.A.S. « Delatude » au duc d’Ayen. Paris, 7 octobre 1786. 3 pages in-folio. Papier vergé vert filigrané.                                                                   

Emprisonné après avoir ourdi un faux complot contre Mme de Pompadour, Latude passa 35 ans en prison, malgré ses évasions spectaculaires. Le duc d’Ayen et une dame Legros, mercière, avaient mené des démarches pour le faire libérer qui aboutirent le 18 mars 1784.

Il assure le duc …qu’il ne se passe pas un seul jour, que Madame Legros et moy, nous ne fassions de vœux au ciel, pour la consérvation de vos jours précieux… La générosité du duc, à laquelle Latude doit la plus grande partie de son existence, le touche au point que …en apprenant dimanche dernier votre arrivée, je n’eus rien de plus pressé, que de partir le lendemain à la pointe du jour, pour venir embrasser les genoux de mon bienfaiteur… Le duc était alors occupé, mais il veut l’instruire sans plus tarder du bonheur qui leur arrive …Madame la Duchesse de Kingston, plus grande par ses vertus qu’elle ne l’est par son illustre naissance, vient de faire à ma libératrice une pension de six cent livres…Cette aimable duchesse a également donné au chevalier de Pougens un superbe appartement dans son palais de Londres et celui-ci a promis en retour d’obtenir pour le neveu de la duchesse, M. Medos, une permission pour aller deux ou trois fois par semaine à la chasse, dans votre capitainerie de S^t Germain… Or le chevalier n’obtint une permission que pour un seul jour, aussi Latude, alerté par la duchesse chez qui il était hier, intercède auprès de son bienfaiteur. …Vous n’ignorés pas Monsieur Le duc, ce que c’est que d’avoir le malheur de déplaire aux personnes de Votre sorte, M^r le chevalier de Pougens à l’honneur d’être votre ami, et le mien, je connais le fond de son cœur, je suis moralement certain, que son bien, son sang et sa vie, est à vous, et j’ose vous en dire autant de mon côté, et comme il me serait moins douloureux, de me casser un bras, et une jambe, que de voir Madame la duchesse de Kingston, indisposée, contre votre veritable ami, et le mien, pour prévenir ce malheur, j’ose avoir recours à vos bontés Monsieur le Duc…

Latude, faisant valoir et les bontés de la duchesse et tout ce que le duc aurait à gagner dans l’affaire, termine très humblement : …je n’étais qu’un enfant quand je fus mis en prison et j’y ai passé les trois quarts de ma vie. Ignorant le style dont on ce sert quand on écrit à de personnes de votre rang, j’espère que vous aurés la bonté de me pardonner, toutes les fautes que vous trouverés dans ma supplique…