[SOLFERINO (Bataille de)].
L.A.S. « votre affectionné Petit » d’un jeune officier
à son père, le colonel Répécaud.
Volta, 27 juin 1859. 8 pp. in-8.
Cette très longue lettre d’un jeune officier du génie, du 4ème corps d’armée, raconte en détail la bataille de Solferino, qui a eu lieu trois jours auparavant.
...Nous avons eu une terrible journée dans laquelle le 4e corps a joué un des rôles les plus importants. Depuis la bataille de Magenta l'armée alliée n'avait, pour ainsi dire, pas aperçu les Autrichiens (...). On n'ignorait pas que l'ennemi fut encore sur la rive droite de cette rivière, mais on était loin de s'attendre à y rencontrer la plus grande partie de l'armée. Des documents officiels (...) font connaître que nous avons tenu tête et repoussé 150.000 Autrichiens. (...) Le maréchal de Mac-Mahon qui était sur notre gauche vers Solferino rencontra l'ennemi en même temps que nous vers 4 heures. Deux divisions de cavalerie placées momentanément sous les ordres du Gal Niel se trouvaient un peu en arrière entre le Gal Niel et le maréchal de Mac-Mahon (...). La bataille engagée (...) a duré depuis 8 heures du matin jusqu'à 5 heures du soir sans interruption et par une chaleur accablante. Pendant tout ce temps l'ennemi a fait des efforts considérables (...) afin de couper en deux notre armée. Des troupes fraîches arrivaient constamment du coté de l'ennemi, tandis que nos bataillons réduits par le feu et par la fatigue avaient à peine à ne pas fléchir...
Il relate ensuite les différents mouvements de troupes, avant et pendant l’assaut général, et en particulier les difficultés du général Niel et l’aide tardive, mais déterminante, du maréchal Canrobert.
Ce document contient aussi une description précieuse de l’action menée par le général Niel après la déroute des Autrichiens, ainsi qu’une évocation de la situation matérielle de l’armée lors de son départ vers Volta.
Rappelons que le général Niel (1802-1869), qui commandait justement le 4ème corps d’armée à Solferino, fut récompensé de son action décisive durant la bataille, en étant élevé à la dignité de Maréchal de France par Napoléon III.
Témoignage rare, cette lettre est d’autant plus précieuse que son auteur fait preuve d’un recul remarquable, comme le montre bien la phrase suivante, qui achève le récit : ...cette relation de la bataille du 24 juin, qu’on appellera, je crois, bataille de Solferino, faite au courant de la plume par un des acteurs qui n’a vu qu’une partie de l’action, est certainement très incomplète ; elle aura cependant, je l’espère, le mérite de vous intéresser...