ENFANTIN (Prosper Barthélemy, dit le Père Enfantin).
Né à Paris. 1796-1864. Polytechnicien, chef de file du mouvement saint-simonien. Manuscrit autographe, avec des annotations d’imprimeur. S.l.n.d. 9 pp. in-8.
Important manuscrit autographe complet du principal propagateur du saint-simonisme, en vue de la publication (peut-être dans le Producteur ou le Globe, deux journaux fondés par Enfantin).
Enfantin revient sur la loi d’enseignement qui venait d’être discutée à l’Assemblée nationale. L’Assemblée …qui tant de fois a retenti des mêmes discours sur le même sujet vient encore de subir la répétition des constats de l’université et de l’église, de la philosophie et de la religion, des pédants et des jésuites. Nous espérions que la révolution de février aurait changé quelque peu le terrain du combat et des armes ; mais point, c’est toujours la même chose… Il déplore que les vraies questions ne soient pas posées : …Quelle est donc la société vers laquelle nous marchons, sera-t-elle batailleuse ou bigote ? Alors donnons lui la discipline de la caserne ou du cloître ; voulons nous qu’elle soit pédante, aventurière, bavarde ? Couvrons la de la robe universitaire ; vous plait-il qu’elle soit dévergondée, licencieuse, ou simplement libertine ? Passez lui les petits collets et les robes courtes, elle fera merveille et Bernis et Parny renaîtront plus aimables que jamais. Donc ce qu’il importe de savoir avant de discuter une loi sur l’enseignement, c’est ce qu’on doit enseigner, et d’abord quel but doit avoir l’enseignement. Ces deux questions résolues, la troisième, celle qu’on discute aujourd’hui, le serait bien vite ; On saurait parfaitement qui doit enseigner, qui doit diriger et surveiller l’enseignement…, il est convaincu que …si le gouvernement savait ce qui doit être enseigné, à qui on doit l’enseigner, et dans quel but on doit l’enseigner, il lui serait facile d’attribuer à l’église et à l’université actuelle le rôle qui leur reviendrait légitimement, car ce rôle serait très minime, comparé à celui des hommes qui composeraient l’institution éducatrice nouvelle, destinée à faire de bons agriculteurs, de bons industriels et de bons négociants… au lieu de quoi, …Tant que la France n’entrera pas dans cette voie, son agriculture fera pitié comparée à celle de l’Angleterre, de la Suisse et de l’Allemagne ; ses industries et ses commerçants seront des enfants à côté des Anglais et des Américains ; et elle sera condamnée à entendre perpétuellement d’admirables discours sur les jésuites et sur l’université…