MALRAUX André. Ecrivain, homme politique. Lettre signée à Emmanuel Berl (G 3865)

MALRAUX (André). Né à Paris (1901-1976). Écrivain et homme politique. Intellectuel engagé. Ministre de la Culture.

L. dactylographiée Signée « André Malraux » à « cher ami » [Monsieur Berl, rue de Montpensier Paris].

Paris, 9 juin 1948. 1 p. in-8, à son adresse.

Intéressante lettre concernant l’éditeur d’Art suisse Albert Skira :

...Nous pourrons nous voir un peu tranquillement après le discours de Verdun... annonce-t-il, mais c’est surtout de Skira dont il veut l’entretenir : ...je veux vous mettre au courant de l’entretien avec Skira. Ce qu’il désire est de ne pas prendre de décision véritable avant la fin du mois. Mon impression est qu’il n’y a aucun problème politique, mais fort simplement un problème d’argent. Son « Matisse » qui fait trente millions, ne sortira pas avant le fin de l’année ; le premier livre qu’il doit sortir est « La Psychologie de l’Art ». S’il a assez d’argent avant les vacances, il mettra très vraisemblablement vos   « Fétiches » à son programme pour la rentrée. S’il n’en a pas, il tentera de différer sa décision, selon la méthode traditionnelle des éditeurs.

Le livre l’intéresse, il voudrait pouvoir en disposer éventuellement et ne pas avoir à engager de fonds avant de savoir ce qu’il pourra faire... Ajoute-t-il.

Malraux avait commencé la publication de ses essais sur l’art chez Skira l’année qui précède cette lettre (en 1947) sous le titre La Psychologie de l’Art, un projet éditorial qui se prolongea jusqu’en 1949.

Né à Genève, Albert Skira publie à partir des années 1930 de luxueuses éditions illustrées par Picasso (Les Métamorphoses d’Ovide), Matisse (Les Poésies de Mallarmé) ou encore Dali (Les Chants de Maldoror). Devenu l’un des éditeurs d’art les plus réputés du XXe siècle grâce notamment à la revue Minotaure, qu’il gère en collaboration avec Tériade (futur éditeur de Verve), il offre aux artistes, certains encore méconnus comme Giacometti, Robert Matta,Hans Bellmer, Paul Delvaux, un espace important où les peintres, les poètes, les écrivains, architectes et ethnologues se répondent. Il fut l’ami de ceux qu’il publia, de Picasso à Breton, de Matisse à Éluard, de Derain à Dali, de Malraux à Bataille.

Abandonnant très tôt ses études secondaires, André Malraux suit des cours au musée Guimet et à l’École du Louvre. En 1923, il part en mission en Indochine avec sa femme Clara. Arrêté pour avoir enlevé à un temple près d’Angkor un bas-relief, il est traduit en justice et condamné. De retour en France, il commence à publier et entre au comité de lecture de Gallimard (1928), puis devient le directeur artistique de la célèbre maison d’édition. Il publie à la suite deux de ses ouvrages les plus importants pour sa renommée : La Voie royale en 1930 et La Condition humaine en 1933 qui lui vaut de remporter le Prix Goncourt. Dans les années 30, il s’engage contre le fascisme et participe à la guerre d’Espagne auprès des républicains, expérience qu’il retranscrit dans son roman L’Espoir sorti en 1937. Après la guerre il rencontre (en 1945) le général de Gaulle qui le nomme ministre de l’information. Peu de temps après, de Gaulle écarté du pouvoir, Malraux met sa carrière politique entre parenthèses et travaille à des études sur l’art qui conduiront à l’édition d’un ensemble érudit publié en 1951 sous le titre Les Voix du silence.

De retour au pouvoir en 1958, de Gaulle le nomme aux Affaires culturelles, fonction qu’il assumera jusqu’en 1969.