CURNONSKY (Maurice Saillant, dit).
Né à Angers. 1872-1946.
Écrivain, journaliste, il était surnommé le Prince des Gastronomes.
L.A.S. « Maurice Curnonsky » à « Cher Collabo ».
Paris, 18 juillet 1895. 3 pages 1/2 in-12 oblong.
Papier teinté (plis, déchirure au bord du feuillet droit, trace de collant).
Curnonsky alors âgé de 23 ans, est chroniqueur pour divers journaux et l’un des « nègres » de Willy, le mari de Colette, auquel il avait été présenté par les frères Veber…
...Avant de prendre une large part aux acclamations collectives dont le Gil Blas fera retentir samedi les bords de la Seine, je voudrais vous dire simplement toute la joie que m’a donnée la consécration officielle de votre noble et fier talent qui m’avait appris à vous aimer avant de vous connaître...
Lorsque j’ai eu l’honneur de vous être présenté par notre charmant ami Veber, vous vous êtes montré tout de suite si aimable et si accueillant pour moi, que je suis heureux de pouvoir vous en témoigner aujourd’hui toute ma gratitude…
L’étonnant capitaine de dragons dont je vous avais parlé, vous savez… celui qui m’avait maudit pour avoir introduit l’Ennemi, dans la bibliothèque des officiers de mon régiment ?… vient lui-même de s’amender (...) : il vous a lu ! et il a pu constater, avec une joyeuse surprise, que l’Ennemi n’est pas, comme il m’a confessé l’avoir toujours cru, un réquisitoire contre l’armée. Voilà encore un brave homme dont vous avez conquis l’estime !… D’autant plus qu’il fut propriétaire de vignobles phylloxerés jusqu’à la moelle...
Quant à moi, qui vous connaissais d’avance, j’ai ressenti, en apprenant votre promotion dans un Ordre qui s’honore d’admettre des hommes tels que vous, un très vif et très sincère enthousiasme, que partageront, j’en suis sûr, tous ceux qui ont encore le droit de se dire des jeunes… L’enthousiasme n’est il pas de notre âge ? Et puis vous m’avez fourni, mon cher maître, le plus décisif argument en faveur de l’utilité des ministres. Je sens que je commence à croire à la justice humaine… et je vous dois ainsi une sensation bien rare et bien précieuse ! Comme je vous aurais dit cela très mal à notre réunion de samedi prochain, j’ai tenu à vous l’écrire, et j’ose espérer que vous ne verrez dans ma lettre qu’une preuve de la très respectueuse affection et de la profonde sympathie littéraire de votre jeune collaborateur...
Désirant devenir journaliste, Curnonsky s’installe à Paris à l’âge de 18 ans pour préparer l’École normale supérieure. Commençant à rédiger des articles pour des journaux, Alphonse Allais lui conseille de s’inventer un pseudonyme. Il travaille d’abord au journal Gil Blas avec Tristan Bernard et les deux frères Veber, Pierre et Jean, ce dernier un peintre et illustrateur de presse.
Curnonsky, connu pour ses chroniques gastronomiques fonda en 1911, l'Académie Gastronomique et en 1922 l'Académie des psychologues du goût.