MONTHERLANT (Henri Millon de).
Né à Paris. 1895-1972.
Romancier, essayiste et auteur dramatique.
L.A.S. « Montherlant » à « Mon cher Grasset ».
S.l.n.d. (juin 1936). 1 page 1/2 grand in-4.
Belle lettre critique sur un ouvrage de Grasset :
...Moi aussi, c’est avec du retard que j’ai lu vos « Commentaires ». Mais j’ai dû lire les qq. [quelques] 130 livres des candidats à la Fondation Blumenthal (je suis du jury). (...) Combien souvent je suis profondément d’accord avec vous ! (...) Dans vos considérations sur le roman, vous avez mille fois raison de penser que la réalité des personnages romanesques est moins due à une reconstruction du réel, qu’à la seule émotion de l’écrivain ; c’est une remarque très profonde, et à la lumière de laquelle tous nos jugements sur la production romanesque seraient à réviser. Vos pp. [pages] sur le conflit Maeterlinck m’ont particulièrement intéressé, pcq [parce que] on pourrait se poser la même question sur mes Jeunes Filles. Vous êtes cruel, mais vous avez raison. Il y a là des pages qui resteront toujours indispensables à ceux qui veulent étudier les mystères, les droits, les faiblesses, les erreurs, de la création artistique...
Joint : Copie carbone de la réponse dactylographiée de Bernard Grasset (20 juin 1936) qui remercie Montherlant : ...Votre jugement sur « Commentaires » a été pour moi d’un grand prix. Vous avez raison de rapprocher le conflit Maeterlinck de votre propre inspiration dans « Les Jeunes Filles », et plus encore quand vous écrivez que tant de choses restent à dire sur les mystères de la création artistique. C’est là d’ailleurs (...) un des nœuds de mon inspiration à moi. Ai-je besoin de vous dire que ce m’est une grande joie de lancer « Les Jeunes Filles » qui est certainement l’œuvre la plus puissante que vous ayez écrite...
Stefan Zweig, en juillet 1937, considérait Les Jeunes Filles de Montherlant comme « un des romans les plus importants de la littérature contemporaine. ». C’est au cycle de cet opus en 4 volumes (1936-1939) que Henry de Montherlant doit sa réputation d’écrivain misogyne. L’auteur y fait une analyse sans concessions des relations homme-femme et expose toute une philosophie de la vie qui peut être interprétée comme l'égoïsme et la misogynie poussés à l'extrême, mais, selon l'écrivain, c'est le seul moyen d'atteindre le bonheur que nous cherchons tous.