RACHILDE (Marguerite Eymery, Madame Alfred Vallette, dite).
Née au Domaine de Cros (entre Château-l’Évêque et Périgueux). 1860-1853.
Femme de lettres et salonnière. Elle publie sous les pseudonymes de Jean de Childra et Jean de Chibra.
Poème Autographe Signé « Rachilde », intitulé Les saigneurs de la guerre.
S.l.n.d. 2 pp. in-8. 5 quatrains alternant avec 5 distiques. Papier jaune.
Vibrant poème inspiré par la « Boucherie » de la Grande Guerre !
...Il en tombait tous les deux pas
Et les pourris ...c’était par tas
Qu’on les jetait à tour de bras
Dans les grands trous tout pleins de rats.
Mais eux ? Ils ne s’en occupaient guère
Les grand saigneurs de la grand-guerre !
Nos bons corbeaux n’en voulaient plus
Ils en étaient vraiment repus
Le bec en sang, ou bleu de pus
Ils se traînaient, dolents, pansus.
Mais eux ? Regardaient-ils la terre ?
Les grands saigneurs de la grand guerre.
Toutes les femmes étaient en deuil
A tant pleurer n’avaient plus d’œil
Et attendaient, dessus leur seuil,
Qu’on leur vient dire avec orgueil :
Il est mort ! Soyez en fière !
Pour les saigneurs de la grand-guerre !
Pendant des mois, pendant des ans,
Les pauvres pères et les mamans
Connurent cet affreux tourment
De tenir tous... comme l’on ment.
Eux ? Ils tenaient bien leur affaire
Les grands saigneurs de la grand-guerre !
Et quand enfin ce fut fini
Qu’on eut dévasté tous les nids
Tué les parents et leurs petits
En beaux discours on les bénits.
Eux ? Ils avaient vendu leur tonnerre
Les grands bons dieux de la grand-guerre !...
Ce poème figurait dans le recueil Les Accords perdus (Paris, Éditions Corymbe, 1937). La plaquette était parue pour la première fois en 1917. La nouvelle édition comprenait une préface de l’écrivain Pierre Lagarde (1903-1959). Le manuscrit de ce poème avait été offert par l’auteur à son préfacier.