GRASSET (Bernard), écrivain et éditeur. Lettre autographe (E 10650)

Extraordinaire lettre de Grasset pleine de colère et de ressentiment à l’encontre

                                de son psychanalyste René Laforgue.

650,00 € TTC
Autographe disponible à la vente
Référence:
E 10650
Description

GRASSET (Bernard).

Né à Chambéry. 1881-1955. Éditeur et écrivain.

Il publie à compte d’auteur Du côté de chez Swann

et lance, en 1920, les « Quatre M » [Mauriac, Montherlant, Maurois, Morand].

L.A.S. deux fois « BG. » à « Madame ».

S.l.n.d. 4 pp. in-folio sur papier bleu-gris gravé à son adresse.

Extraordinaire lettre de Grasset pleine de colère et de ressentiment à l’encontre

de son psychanalyste René Laforgue.

 

Bernard Grasset commence au début de 1927 une psychanalyse avec le Dr René Laforgue, premier président de la Société psychanalytique de Paris et co-fondateur de la Revue française de psychanalyse.

La cure commence dans l’euphorie, le patient va bien et est ravi de son analyste. Cependant, fin 1931, rien ne va plus : « Ce Laforgue est un monstre » et la psychanalyse « une méthode curative lourde et pédante, issue du germanisme »...

 

...Je souffre beaucoup : mais je voudrais quand même vous aider pour ce soir avec Laforgue. Dites lui, je vous prie, que c’est moi qui vous ai soumis l’hypothèse que ce retour à la mère que je vis au point d’épuiser la mère, cette impossibilité de reprendre le moindre acte, tout entier tourné vers des questions de responsabilités stériles, avec lesquelles je me massacre, ne me reconnaissant pas le droit de m’en détacher, - que tout cela vient moins d’une impuissance névrotique que d’une rage contre Laforgue. – Je vous ai écouté ce soir avec religion au sujet de mes besoins de vengeance contre lui : mais vous savez bien que si je peux faire l’économie de ma vengeance, je le ferai. Mais comment espérer, Madame, qu’il puisse me dire des paroles qui me satisfassent et m’évitent de lui faire mal ! Il est trop loin, vous le savez bien, de la juste appréciation des choses ; il est trop réfractaire à se déclarer, avec franchise, coupable. Alors vous comprenez bien qu’il faudra bien que ce soit de ma seule force que je tire mon droit de vivre. Et ma force, comprenez-le doit d’abord s’exercer contre lui, puisqu’il m’a mis au défit de vivre. Madame, écoutez moi – s’il a raison, qu’il vous le prouve et que vous me le prouviez. S’il a tort, il faut que je l’abatte ou qu’il se declare vaincu. Je ne dis pas « en faute », je dis : vaincu. [...] Je ne peux pas me pardonner de peser tous les jours davantage sur la mère [...] par la faute du père. Je préfère tuer le père. Il pouvait, je crois éviter d’être tué. Demandez-lui, je vous prie, pourquoi il a tant tardé ! Il jouait à la baisse sur moi. Faites lui comprendre, je vous prie que ce n’est pas son intérêt [...] Madame je suis encore en liaison avec la vie. Ne me lâchez pas. Mais s’il me faut pour vivre abattre le père, laissez moi le faire : c’est mon droit [...]. Il faut que j’assomme Laforgue (sans méchanceté) ou que je me punisse avec Louise. [...] Dites à Laforgue que je vois peut etre une dernière chance de salut dans la fondation d’une Société de psychanalyse composée seulement d’êtres humains. Je me ferai donner raison par elle s’il ne veut pas lui me donner raison. [...] Surtout, Madame, ne laissez pas Laforgue se retrancher derrière le « besoin d’assommer le père » conséquence logique du traitement. Louise vous dira que j’ai lutter (sic) un mois pour éviter cela et que pendant un mois je lui ai crié « Docteur ! Laissez moi seulement me fournir le témoignage que je ne suis pas un fou ! Un mois ! vous entendez. Après un mois je suis tombé...

 

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