[SCARRON (Paul)]
Né à Paris. 1610-1660. Écrivain. Auteur du Roman comique.
Manuscrit (d’une autre main) intitulé « À Monseigneur le Cardinal – Stances ». S.l.n.d. 3 pages in-4 sur papier vergé filigrané.
Au verso du feuillet, on lit : « Sonnet pour se (son Excellence) Le Cardinal ».
LA STANCE SE COMPOSE DE 13 QUATRAINS, SÉPARÉS CHACUN PAR UNE FERMESSE.
Le poète n’a pas obtenu satisfaction auprès du « Grand Armand », Armand de Bourbon, prince de Conti, neveu du Cardinal de Richelieu
...Ne crains ny mes vers, ny ma prose / Prince, ils ne te demandent rien, / Le Grand Armand m’a fait du bien,/ Et je me borne a peu de chose. / Si je me pleins, c’est qu’on m’oublie / D’ailleurs mes vœux sont exhausses / Si ma fortune est establie, / Mon honneur ne l’est pas assez. / Ton oubly me tient lieu de crime, / Un sot peut sestre imaginé / Que tu n’as pour moy nulle estime, / Puisque tu ne m’as rien donné.(...) J’avais en vain cherché matière /depuis la mort du Grand Armand / Pour te faire un remerciment, / Et par la, je la trouve entière / L’age m’a rendu paresseux, / Et pour moy la fortune est morte / Puisqu’elle ne rit plus qu’à ceux / Qui sont distingues a ta porte./ Donne aux importuns largement, / Comme eux je ne suis point avide, / Et cherche en l’honneur seulement / Le bien veritable et solide / En luy seul tu peux tout m’offrir, / Souffre pour luy que je t’approche, / Car ton oubly m’est un reproche / Que je ne scauroit plus souffrir...
La plupart des épîtres, odes ou stances de Scarron furent adressées à des personnages de haut rang, en échange de quelques écus car le poète, qui avait surnommé sa maison « l’hôtel de l’impécuniosité », vécut le plus souvent dans la gêne. Turenne, Vivonne, Sully, Elbeuf, et bien d’autres, comptèrent parmi ses dédicataires.
La stance, qui tire son nom de l’Italien (Stanza, demeure), avait été introduite dans la poésie française sous le règne de Henri II en 1580. Le poète Jean de Lingendes (1580-1616) fut le premier à en produire.