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MARRAST Armand, journaliste et homme politique. Manuscrit autographe (E 10365)

Composition pour la Licence, ayant pour thème : « Le Crime fait la honte & non pas l’échaffaud (sic) (Voltaire – Tancrède) ».
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Référence:
E 10365
Description
 MARRAST (Armand).

Né à Saint-Gaudens. 1801-1852.

Journaliste et homme politique républicain.

M.A.S. « Armand Marrast », titré : « Le Crime fait la honte & non pas l’échaffaud (sic) (Voltaire – Tancrède) ».

3 pp. 1/2 in-folio.

Il s’agit d’une composition française pour la Licence (selon une annotation manuscrite en tête du premier feuillet).

...Un sentiment douloureux saisit mon âme au moment où je commence à développer un pareil sujet… Il est donc des temps de malheurs où tous les droits sont violés, où la justice est méconnue ! Il est donc des époques désastreuses où ces instrumens de supplice ne devroient être réservés que pour le crime (...). Oui, l’échaffaud fut trop souvent le prix de l’Innocence. L’échafaud fut dressé pour l’homme de bien !... Ah ! que ne pourrions nous arracher de l’histoire ces pages sanglantes qui attestent au monde ce que la tyrannie offre de plus hideux, ce que les passions ont de plus effréné ! Mais, non ! …qu’ils subsistent à jamais ces horribles monumens ! Quelques pénibles que soient ces souvenirs, réveillons les souvent ! Présentons les à la postérité : qu’elle se lève tout entière pour flétrir les oppresseurs, et pour payer à tant d’illustres victimes le tribut de son admiration et de ses regrets ! La société devait pour se protéger contre les scélérats, leur infliger des peines publiques, et attacher une opinion infamante à ceux qu’attendroient ses châtimens. Il est bon, il est utile qu’un préjugé de justice accompagne le jugement des magistrats et qu’une flétrissure réelle poursuive les grands criminels. Mais où en serions-nous, si par un aveuglement féroce nous enveloppions dans le même mépris tous ceux que frappe cette justice de la terre si incertaine et si fautive ? Quand son arrêt est porté ! la raison le pèse à son tour, elle examine s’il fut dicté par la haine ou la vengeance, s’il est entâché d’erreur ou de cruauté, et s’il n’est pas confirmé par le juge suprême ; la honte qu’il devait imprimer sur le front du coupable retombe sur le juge prévaricateur ! (...). Voyez ce qui se passe chez tous les peuples à cette époque où ils semblent travaillés par je ne sais quelle fureur ; Interrogez les annales de la tyrannie ; fouillez si vous le pouvez sans reculer d’horreur, ces noires archives de l’inquisition, Parcourez enfin ces périodes historiques qui semblent écrites avec du sang humain et par des bourreaux ; Partout vous trouverez les noms les plus augustes, Partout vous verrez tomber sous la hache tout ce qu’il y a de plus grand, de noble, de sublime parmi les hommes, tout ce qui doit enfin exciter l’admiration ! Et quels exemples choisir au milieu de tant d’exemples ? (...). Faudra-t-il suivre à la trace du sang ces effrayantes révolutions des temps modernes qui semblables à des orages dévorans, entraînent dans le même tourbillon et engloutissent dans le même abîme le génie, le courage, la grandeur d’âme et la vertu ! Ah ! Pourquoi surtout puis-je sans remonter à un autre âge invoquer mes propres souvenirs ? Oui, j’ai pu entendre à mon berceau le gémissement des victimes traînées injustement au supplice… mes yeux s’ouvrirent dans ce jour de deuil, et ne furent frappés que de lueurs funèbres. Où était la honte alors ? Était-ce sur cet échafaud qui servait comme de marche pied au fils de St Louis pour monter au ciel, ou bien dans ces assemblées monstrueuses où le crime avait établi son siège et dressé son tribunal ? Ombres illustres ! Votre trépas nous a coûté bien des larmes… Mais du moins vous aviez pardonné ! Et cependant après trente ans de malheurs, après tant de haine et tant de vengeances réciproques, cette pauvre France… Mais je m’arrête. Je ne veux pas découvrir des plaies saignantes encore, et marcher plus long temps sur ces cendres qui couvrent un feu mal éteint… Plût-à-Dieu que tous les signes alarmans eussent disparu de l’horizon ! Plût-à Dieu que le soleil ne fut plus voilé de nuages ! O Providence, quand nous reposerons-nous de tant d’alarmes ??...

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