POIRSON (Paul). Né à Paris. 1836-1895. Librettiste. L.A.S. « Paul Poirson » à « Madame » (une chanteuse lyrique). S.l.n.d. 4 pages in-8.
Belle lettre dans laquelle Poirson donne des nouvelles du petit monde lyrique de l’Opéra
...Je pourrais chercher & probablement trouver des excuses à mon silence ; ne fût-ce que ma complète oisiveté qui est cause que, n’ayant absolument rien à faire, je n’ai pas un moment à moi (...). Ceci dit, et me trouvant à peu près en règle avec ma conscience, je veux vous parler d’un sujet qui était déjà à l’ordre du jour de notre correspondance de l’hiver, & qui n’a pas avancé depuis cette époque : Il s’agit des débuts de votre incomparable compatriote, Miss Sanderson, débuts qui sont encore à l’état de promesse (...). L’accueil du public et celui des abonnés, peu gâtés par les vilaines et mauvaises chanteuses que l’on nous fait depuis quelque temps, (la Patti exceptée) a été très flatteur pour Miss Eames. Elle est fort jolie, a l’aspect gracieux et très jeune et chante fort agréablement ; un peu faux quelquefois. La société américaine en raffole !
Que sera-ce donc quand on aura entendu la divine Sibyl ? (...). Je me permettrai de vous transmettre mes impressions & celles du vrai public, autre chose que l’opinion des journaux qui n’est jamais absolument sincère. Je crois, moi, à un très, très grand succès pour la divà, pour le maestro...
Paris commence à perdre sa physionomie habituelle de saison. Cela va être colossal d’affluence & de mouvement. Les uns trouvent cela délicieux, les autres ne dégrinchent pas (...). Nous sacrifions, nous-mêmes, au démon de la réception. Dimanche, grande musique à la maison ! Sibyl nous avait promis, dès Vevey, de venir chanter chez nous, avant ses débuts, mais... souvent femme varie ! On peut employer un autre proverbe : la femme propose et... Massenet dispose !...