MESSAGER (André).
Né à Montluçon. 1853-1929.
Compositeur et chef d’orchestre. Il crée à l’Opéra-Comique en 1902 Pelléas et Mélisande de Claude Debussy.
L.A.S. « Messager » à Monsieur Larré.
Londres, 28 mars [1904]. 2 pp. 3/4 in-8. En-tête du De Keyser’s Royal Hotel à Londres.
Messager trouve enfin le temps de lui écrire : …Que ce repos forcé doit vous peser, mon pauvre ami ! et combien je voudrais vous savoir revenu à l’Opéra Comique, car je suis sûr que l’inactivité vous est plus pénible que tout le reste… Après ces quelques mots compatissants, Messager donne de ses nouvelles : …Je suis ici depuis déjà quinze jours, après en avoir d’abord passé autant à la campagne et je suis occupé à faire répéter les Petites Michus que Edwardes monte au Daly’s Theatre et pour lesquelles j’ai à écrire pas mal de musique nouvelle, la partition était courte et le public londonien ayant besoin d’une nourriture un peu substantielle. J’avoue que je suis bien heureux de trouver ce débouché ; Paris me paraissant peu l’endroit où je trouverai ma place. Il me semble que plus je vais moins les choses se présentent favorablement, où l’on n’est pas joué ou bien on est étranglé. Entre les deux perspectives j’aime mieux la fuite et je la prends. Enfin tout ceci est peu intéressant… conclut-il avant de lui demander …Dites-moi un peu où vous en êtes, ce que vous comptez faire, à quelle époque vous reviendrez à l’Opéra Comique, enfin tout…
Messager avait créé Le Chevalier d’Harmental, d’après Alexandre Dumas, à l’Opéra-Comique en mai 1896. Dans la revue " Musica " (septembre 1908), le compositeur avait fait part de son amertume : " Ce dernier ouvrage, auquel j’avais travaillé longuement, l’ayant commencé trois ans auparavant, tomba lamentablement, et sachute me fut d’autant plus pénible que j’y attachais une grande importance et pensais avoir donné là toute la mesure de ce que je pouvais faire. J’étais tellement découragé par cet insuccès que je ne voulais plus écrire du tout et tentai de me retirer en Angleterre… ". Messager se trouve donc à Londres où il reçoit fort à propos le livret P’tites Michu. Le sujet, dû à Albert Vanloo et Georges Duval, le séduit et il oublie vite sa récente déconvenue. Il se met au travail et en trois mois termine l’ouvrage. Après Londres, il sera créé avec succès au théâtre des Bouffes-Parisiens, le 16 novembre 1897.