WALLON Henri. Psychologue, médecin. Initiateur de la réforme Langevin-Wallon. Lettre de 6 pages, janvier 1931 (Réf. G 1443)
Belle et longue lettre relative aux deux derniers opus de Pierre Abraham :
« Proust » (paru chez Rieder, 1930) et « Les Créatures chez Balzac » (Gallimard, 1931) :
WALLON (Henri).
Né à Paris. 1879-1962. Psychologue, médecin.
Professeur au Collège de France.
Son nom est associé à la réforme éducative française nommée plan Langevin-Wallon.
L.A.S. « H. Wallon » à l’écrivain et critique littéraire Pierre Abraham.
S.l., 11 janvier 1931. 6 pages. Papier à lettres.
...Vous avez écrit un très bon livre, d’allure puissante et finalement pathétique, qui met à nu l’effort contre la détresse intime (...). J’ai essayé de vous dire combien votre intuition et votre analyse, les deux sans doute intimement unies, me semblent toucher aux profondeurs de l’être et vous me répondez de telles façons que je pourrais me croire un peu complice (...). Effectivement je trouve dans ce que vous m’écrivez comme l’autre moitié de mes pensées. À propos de ce fort livre de Psychologie appliquée, que vous voulez bien rappeler, celui de mes amis qui l’avait lu en manuscrit et qui paraissait en avoir subi un engouement profond, me dit un jour à brûle pourpoint « Et l’introspection, les romans, les mémoires, les journaux, ça n’a pas d’intérêt alors ? Ah distinguons, lui ai-je répondu, entre l’introspection et les romans, les mémoires, les journaux. Les romans, les mémoires, les journaux, ce sont des témoignages que je retiens, non pour accepter bouche bée l’introspection de leurs personnages, mais comme une série de réactions que j’essaie de m’expliquer. » Cette réponse que je balbutiais vous la démontrez magistralement par votre Balzac, par votre Proust (...).
Je ne puis vous dire tout ce que j’attends de vos recherches pour satisfaire mes curiosités, pour leur donner des aliments nouveaux et de nouvelles impulsions...
Henri Wallon, né en 1879, est issu d’une famille de la bourgeoisie intellectuelle du Nord de la France. Il entre à l’École Normale Supérieure en 1899 et devient agrégé de philosophie en 1902. Il s’engage alors dans des études de médecine et devient neurologue en 1908. Jusqu’en 1931, il est assistant du professeur Nageotte à l’Hôpital Bicêtre et à la Salpêtrière à Paris. Il y dirige un service de consultations en psychiatrie de l’enfant.
Après la Grande Guerre, il crée à Boulogne-Billancourt, un laboratoire de Psychobiologie de l’Enfant qui sera rattaché, en 1925, à l’École Pratique des Hautes Études de Paris. De 1937 à 1949, il enseigne au Collège de France.