WALLON (Henri).
Né à Paris. 1879-1962. Psychologue, médecin.
Professeur au Collège de France. Son nom est associé à la réforme éducative française nommée plan Langevin-Wallon.
L.A.S. « H. Wallon » à Pierre Abraham.
Paris, 10 novembre 1930. 7 pp. in-8. Papier à lettres (trous de classeur).
Très belle lettre sur les enjeux de l’orientation professionnelle des élèves
Henri Wallon remercie son correspondant pour ...sa collaboration à l’institut d’orientation professionnelle, elle m’est précieuse, car je la sens très profitable aux étudiants... Il souhaite savoir si pour l’année suivante il envisage ...quelque changement de sujet ou de titre. Car le programme des cours peut être toujours remanié ou amélioré... et ajoute : ...J’ai transmis à Blondel ce que vous me disiez au sujet de ces questions sur Proust. Il ne voit pas d’inconvénient à ce que vous citiez son nom le cas échéant...
Leur accord ...sur les destinées et les dangers de l’Orientation professionnelle... est total. ...Nos craintes, nos répugnances sont les mêmes du moins quant à ses applications pratiques... Wallon pense que l’orienteur devrait être consulté comme un médecin. Car ...comment réserver à ceux qui ont la vocation le moyen d’échapper au métier, pour inventer leur destinée ? (...). La situation est différente avec l’orienté malgré lui. À lui de ne pas se laisser jeter dans la profession qui ne lui dit rien. La force de résistance, où la puiser ? Dans son énergie personnelle ? réponse de Ponce Pilate... Il faut développer de la conscience, pense-t-il, ...c’est le but auquel doit tendre l’Éducation Nouvelle. Au lieu d’amener aux examinateurs et aux testeurs un troupeau docile et bien gavé des mêmes nourritures qu’elle lance sur eux des jeunes gens avides de se faire mieux définir leur vérité pressentie... Éviter ...la tyrannie de l’orienteur, ou bien encore (...) éviter la tyrannie du prix à gagner par le premier métier qui s’offre, avant l’âge d’avoir pu choisir, et sans avoir reçu aucun des moyens qui permettraient de choisir... C’est toute une organisation qu’il faut changer. Les journées ne devraient pas non plus dépasser 7 ou 8 heures ...pour tous ceux qui ne sont que des tâcherons... ce qui leur permettrait de consacrer le reste de leur temps à des loisirs, ...Vous me trouverez sans doute bien optimiste, mais d’un optimisme conditionnel, et qui a du moins le mérite de ne pas nous masquer nos responsabilités et nos tâches...
Henri Wallon entre à l’École Normale Supérieure en 1899 et devient agrégé de philosophie en 1902. Il s’engage alors dans des études de médecine et devient neurologue en 1908. Jusqu’en 1931, il est assistant du professeur Nageotte à l’Hôpital Bicêtre et à la Salpêtrière à Paris. Il y dirige un service de consultations en psychiatrie de l’enfant.
Après la Grande Guerre, il crée à Boulogne-Billancourt, un laboratoire de Psychobiologie de l’Enfant qui sera rattaché, en 1925, à l’École Pratique des Hautes Études de Paris. De 1937 à 1949, il enseigne au Collège de France où il occupe la chaire de « Psychologie et Éducation de l’Enfant ». C’est dans son discours inaugural qu’il pose les fondements de son enseignement qui seront illustrés plus tard dans trois ouvrages principaux : L’Évolution psychologique de l’enfant (1941) ; De l’acte à la pensée (1942) ; Les Origines de la pensée chez l’enfant (1945). En 1948, il crée une revue française de psychologie Enfance, qu’il dirige pendant quatorze ans jusqu’à la fin de sa vie.