SECCHI (Pietro Angelo).
Né à Reggio d’Emilia (Italie). 1818-1878.
Prêtre jésuite. Astronome, astrophysicien et météorologue.
3 L.A.S. « P.A. Secchi » à Harrold Tarry.
Rome, 9 octobre 1868, 14 mars 1872, 5 juillet 1873. 9 pp. 1/2 grand in-8.
Passionnantes lettres du père Secchi à Harold Tarry, « météorologiste des extrêmes » et astronome.
Il l’informe que ...Les memoires de M. Schiaparelli [Giovanni Virginio, 1835-1910, astronome, ingénieur] sont insérés en partie dans le Bullettino meteorologico du Collège Romain, et une autre dans les Alti della societa italiana... Il regrette de ne pouvoir lui communiquer d’extrait et lui conseille de s’adresser directement à l’auteur.
Secchi fait suite à un courrier de Tarry et évoque la pluie de sable tombée à Rome, conséquence du mouvement cyclonique vers les régions équatoriales : ...La pluie de sable a été precedée chez nous le matin de un ciel de couleur jaunatre, qui me fit pronostiquer sa chute ; je donnai des ordres pour preparer des réceptacles pour la recueillir, et des feuilles blanches de papier. A 10h ½ du matin, la poussière tombait effectivement, ici et à Perouse (à Florence rien n’est tombé selon M. Donati) [...]. Les circonstances principales qui ont accompagné ces phénomènes sont les suivantes. Le 5 nous avons eu le maximum barometrique = 772.3. Après la diminution de pression devint continue, jusqu’à P8, où le vent dominant en bas était Nord mais le baromètre tremblant, le ciel couvert ou nuageux montrait que nous étions dans une periode de bourrasque. Le vent faible ou incertain annonçait une crise atmosphérique. Les vibrations barométriques étaient énormes le 10, mais sans vents violents ; seulement des coups de temps en temps en toutes les directions. Le polygone barométrique est très curieux et je vous le trace ici après l’original. Ce qui m’étonne est que le baromètre ne monte pas encore : il est toujours bas, très bas ! On voit que la bourrasque a une très grande étendue, et que l’aurore du 4 février a été contemporaine à un changement de temps en large echelle, comme d’ordinaire. On m’écrit de Perouse que le sable est tombé le 11 et le 12. Nous avons eu toujours mauvais temps, mais sans pluie violente. Les glaces des fenêtres sont recouvertes de boue par la pluie du 10 et probablement encore des gouttes suivantes, surtout du coté du sud, mais on en trouve encore du coté du Nord. Le spectre de l’atmosphère avant la pluie était partout comme on voit très près de l’horizon : des larges bandes à la partie moins réfrangible, et la partie plus réfrangible à peine visible...
Échange à propos des taches du soleil, leur composition et leurs mouvements... : ...Vous me demandez si je crois que les taches puissent être encore des tourbillons, en entendant la chose un peu différemment de M. Faye. L’hydrogène selon vous pourrait bien sortir par l’action même du tourbillon. La question n’est pas seulement sur ce point = si la matière sort ou rentre = mais encore si nous avons dans les taches les mouvements rotatoires et translatoires des tourbillons. Or dans les taches les langues sont toujours droites ; les exceptions de langues courbes sont très rares 5 à 6 au plus par an, et nous savons que ces structures spéciales ne sont pas persistantes. C’est bien rare si elles durent un jour ou deux [...]. Cependant un mouvement rotatoire peut exister autour de la tache elle-même dans la photosphère, mais ce mouvement se prononce ( ?) dans les grandes agitations sous la forme non de tourbillon simple mais double [dessin] ce qui constitue une forme de S où deux grandes taches sont reliées par une trainée de petites en forme comme ci-dessus. Mais cet aspect est transitoire aussi. Du reste, une éruption doit être accompagnée de quelques mouvements de rotations, mais il ne s’ensuit pas [que] tout consiste dans cette rotation. De plus s’il y avait ce mouvement dépendant on pourrait le tolérer pour l’hydrogène, mais et le sodium le calcium le chrome le fer qui sont très abondants dans les taches d’où viennent-ils par le haut ? L’observation des éclipses ne nous a rien appris par une atmosphère de ces métaux lourds. Au contraire par-dessous la chose est bien intelligible. Je suis d’accord avec vous que un tourbillon dans la chromosphère puisse provoquer une exception. J’ai même quelque part dit cela expressement : et pour mon compte je crois bien cela possible, car je ne crois pas la chromosphère une chose si mince et légère. Mais alors toujours la matière monterait, et ne descendrait pas. Mais mes adversaires ne vous donneront pas un tourbillon dans la chromosphère capable de faire cela car ils la supposent une chose très mince et très légère et très rare. Ils veulent le tourbillon dans la photosphère, et c’est là que nous ne le voyons pas habituellement. En tout cas, je ne continuerai pas ce débat car les faits connus sont épuisés et il faut attendre quelque chose de nouveau pour se prononcer encore. Je persiste à dire que M. Respighi [Lorenzo Respichi, 1824-1889, astronome et mathématicien] se trompe en niant la présence de la chromosphère sur les taches, et qu’il se fonde pour cela sur une équivocation comme j’ai développé dans la dernière note. Du reste ces tourbillons sont bien si peu sûrs que on commence à en douter même pour la terre : figurez vous pour le soleil...
Lors de la révolution italienne de 1848 les jésuites doivent quitter Rome. Angelo Secchi devient alors professeur de physique aux Etats-Unis où il rencontre Matthew Fontaine Maury. Sous son influence, il s’oriente vers la météorologie. De retour en Italie, il prend la direction de l’observatoire du Vatican. Brillant astronome, il est reconnu comme l’un des pionniers de la spectroscopie et on lui doit l’invention du météographe, une machine qui enregistre jour et nuit les courbes de températures, de pression atmosphérique, de précipitation, de force du vent et d’humidité relative de l’air.